Pour une gestion collective de l’usage de l’eau…

Cet été, canicule et sècheresse ont marqué les esprits… le réchauffement climatique n’est pas qu’une menace en l’air. La quasi totalité du pays a été en restriction hydrique, les tensions liées à l’arbitrage de cette ressource essentielle à la vie se sont multipliées.

Au coeur de ces conflits les critères de gestion de ce bien commun. Qui doit profiter en priorité de cette ressource en voie de raréfaction ? Les centrales nucléaires ? L’agriculture intensive ? Les greens de golf ? Comment sécuriser l’approvisionnement pour l’eau potable, la santé publique, la lutte contre les incendies ?

La gestion collective de l’eau devient ainsi une question politique centrale.

C’est dans ce contexte que s’est créé le collectif Eau du Montalet qui s’oppose à un projet de forage exploratoire de la multinationale Danone sur la commune de Murat-sur-Vèbre dans le Tarn.

Propriétaire de l’usine d’embouteillement de la marque La Salvetat la multinationale cherche de l’eau pour la production de ses bouteilles d’eau minérale. Le projet n’est qu’en phase d’étude jusqu’en mars 2023 : 10 à 30 m3 d’eau devraient être prélevés tous les jours si le forage est autorisé. (30m3 c’est la consommation journalière de 200 personnes !) Les riverains, les éleveurs et les agriculteurs sont inquiets de ces quantités d’eau importantes qui ne seront plus disponibles sur ce territoire.

Danone a cru obtenir rapidement l’autorisation de forage en organisant - au mois de mars - une réunion en petit comité, avec des acteurs locaux du monde agricole et les maires de Murat et Nages. Estimant que les enjeux dépassaient largement le cadre agricole, les opposants se sont réunis et ont créé le collectif. Une nouvelle rencontre est prévue, avec les représentants de Danone. Plusieurs questions seront posées, auxquelles le préfet du Tarn devra répondre. Pourquoi venir chercher de l’eau si les sources de la Salvetat ne sont pas épuisées ? Pourquoi un industriel privé viendrait prélever une ressource limitée alors que la population locale doit restreindre ses usages ?

Une pétition est en ligne; elle a déjà recueilli plus de 1800 signatures pour ne pas « que l’eau du territoire serve des intérêts industriels en étant exportée hors du bassin où elle naît ». Dans son communiqué, la préfecture du Tarn précise que « si le groupe Danone se déclarait intéressé par une exploitation du site, les services de l’État de l’Hérault et du Tarn, examineraient avec la plus grande attention les dossiers nécessaires et associeraient pleinement les acteurs locaux concernés par un tel projet. »

Si les sécheresses estivales deviennent la norme, seule un gestion collective, inclusive et démocratique permettra d’arbitrer les usages et le partage de l’eau. Plutôt que d’en laisser la gestion aux différents lobbies agricoles, industriels, touristiques, peu sensibles aux enjeux sociaux et écologiques, les citoyens, leurs syndicats et les associations environnementales doivent être parties prenantes de la politique de l’eau, à tous les niveaux.