Communiqué du 18.07.22 à l’initiative du CAT (Collectif Antifasciste Tarnais)

Sur Albi, des affiches troublantes inondent la ville et ses alentours.

Des messages illustrés par des photos de personnes souriantes qui s’enlacent, avec en dessous cette phrase : « Face à l’intolérance, à nous de rétablir la norme ». Des justiciers pour un avenir meilleur sur Albi ? Non, pas vraiment…

“Face à l’intolérance, à nous de rétablir la norme” : l’ironie de ce message contre l’intolérance, c’est que les auteurs de ces affiches sont… des personnes d’un groupuscule d’extrême droite albigeois : Patria Albiges.

L’intolérance, c’est la tendance à ne pas supporter, à condamner les personnes qui ont d’autres idées, croyances ou manières d’agir. Outre le sectarisme et le nationalisme à tendance fasciste de ce groupe, rappelons, que les acteurs de ce mouvement ont agressé sur Albi plusieurs jeunes syndicalistes dont les idéaux étaient à l’opposé des leurs. Ne serait-ce pas de l’intolérance ça ?

Afin de comprendre un peu mieux ces affiches, car décidément cela n’est pas évident, décryptons les messages qui y sont inscrits : “Oui, ma fille rejette l’idéologie woke”… C’est sûr que là on comprend mieux… Le wokisme n’a jamais été clairement défini tant il a été repris par des politicien-nes de droite et d’extrême droite ou des chroniqueurs comme Eric Zemmour, et vidé de son sens original. Depuis quelques années le terme est utilisé par les mouvements réactionnaires et d’extrême droite pour dénigrer les luttes antiracistes, féministes, LGBT+, voire les combats pour l’environnement.

A l’origine pourtant, le wokisme c’est être activement attentif à d’importants faits ou problèmes, notamment concernant les questions raciales et d’égalité sociale. En 1950 des activistes, qui défendaient le droit à l’égalité raciale aux États-Unis, ont commencé à utiliser le mot « woke » (« éveillé ») dans leur discours. En 2014, l’homicide d’un jeune Noir, Michaël Brown, tué par un policier blanc, fait revenir en force le mot « woke » dans les débats politiques et médiatiques.

Patria Albiges utilise l’inversion rhétorique désormais bien connue : c’est le wokisme qui serait intolérant, et non pas les idées réactionnaires et d’extrême droite. “Face à l’intolérance, à nous de rétablir la norme” : mais quelle est leur norme, si les défenseur-es des justices sociales et raciales sont leurs ennemi-es ? Et bien, elle est définie dans la deuxième affiche : “Oui, mon petit-fils est fier d’être français”. Fier d’être français. Fier de ce pays où l’injustice sociale règne, où les inégalités sont de plus en plus fortes, où des manifestant-es se font éborgner, où la santé, l’éducation de nos enfants, l’environnement, la culture sont mis à l’écart pour des intérêts économiques. Ne contestez pas l’État français, ne soyez pas woke, ne défendez pas l’égalité pour tous et toutes, soyez fiers d’être français !

En réalité ces affiches font l’apologie de l’extrême droite dans toute sa splendeur : nationalisme, intolérance, discrimination, obéissance, manipulation… Ce groupuscule Patria Albiges joue sur l’image ainsi que sur des termes flous. Ces affiches montrent une nouvelle fois les manœuvres malsaines des groupuscules d’extrême droite.

L’intolérance s’immisce doucement dans nos villes, faisant la publicité de leur vision d’un monde meilleur en détruisant toutes pensées différentes… Ne vous y trompez pas, ils souhaitent établir LEUR norme et LEUR justice !

Collectif Antifasciste Tarnais

Signataires : CAT, LDH, NPA 81, PEPS 81, A-A Tarn, SOLIDAIRES 81, ELAFF